Seule, une semaine dans un tout-compris, par Isabelle Marjorie Tremblay

par Isabelle Marjorie Tremblay



Il est doux ce vent qui rafraîchit ma peau reluisante en cette chaude matinée de novembre.

Il est 8 heures du matin, le thermomètre frôle les 30 degrés Celsius sur la côte pacifique du Costa Rica. J’emprunte d’une course endormie le sentier en forêt longeant la plage de Matapalo. Les chants des oiseaux bondissant sur les palmiers constituent la plus belle musique pour courir.

Un petit dinosaure au sol fait sortir mon cœur de ma poitrine ; un iguane ! Je le contourne en pouffant de rire, jusqu’à ce que l’appel d’une famille de singes volants au dessus de ma tête m’arrête. Cette course interrompue est assurément au premier rang des plus beaux trajets de ma vie ! Je ne cesse de dire « Wow, wow. »

La modeste joggeuse en moi devient alors la marcheuse, la photographe, la contemplative. Seule ? Moi ? Loin de là ! Je suis avec les iguanes, les singes, les oiseaux ! Et le soleil est là aussi pour me réchauffer l’âme. « Hola ! » un homme rafraîchit ses 5 chevaux à la petite rivière que j’enjambe. Que c’est beau !

En fait, je ne suis pas réellement seule, car je sais que mes proches m’aiment et je les aime aussi. Ils sont avec moi. J’ai confiance.J’ai sillonné les routes du monde ces dernières années, cela faisait toutefois 7 ans que je n’avais pas profité d’une formule tout-compris. Six jours d’observation, dans ce Riu Palace ultra confortable, qui atteste que oui, l’ambiance convient aux groupes d’amis et aux familles. Honnêtement, je me suis à quelques reprises ennuyée de mes proches et surtout, mes 2 enfants, qui auraient certainement chéri l’endroit !

Tel ce sentier en forêt, mes émotions ont elles aussi zigzaguées ; mon état les premiers jours, a oscillé entre la culpabilité et la détente absolue, la mélancolie et l’exaltation, l’adrénaline et le vide. Mais ce qui m’a le plus habitée, somme toute, c’est un sentiment fierté.

À l’issue des 2 premières journées d’adaptation, j’ai acquis une aisance, une confiance et un état de bien-être rarement ressenti. Tirer ma chaise longue, plonger dans un livre et retrouver mon auteur préféré; marcher à la plage et tenter d’y prendre mes plus beaux clichés ; discuter plus qu’à l’habitude avec les sympathiques employés ; pratiquer mon espagnol à profusion ; avoir toute l’attention des guides lors des excursions ; sauter dans la piscine alors que tout le monde quitte les lieux et me donner des objectifs de natation. La seule qui fait des longueurs. Yé! Je savoure pleinement la parenthèse dans laquelle je suis blottie, à l’écart, pour 6 jours de ma vie effrénée de jeune maman urbaine hyperactive. Et ça me fait du bien.Seule, je reste moins dans l’eau, à la piscine ou à la mer. Seule, je ne vais pas voir tous les spectacles. Seule, je ne bois quasiment pas d’alcool. Seule, je m’inscris à plus d’excursions, j’ai envie de sortir davantage, le jour. Seule, les repas au resto durent 30 minutes au lieu d’une heure et je lis à table. Seule, je ne vais pas trop loin me baigner à la mer. Seule, je fais plus d’exercice et je mange moins. Seule… hé bien, il m’arrive de parler… seule ! 

Mes constats ? Une femme voyageant sola capte l’attention bien au delà de son désir ! Un sympathique couple de touristes ontariens a presque voulu m’adopter et m’invitait à me joindre à eux au repas du soir. Les adorables guides d’expéditions m’accordaient de l’attention et parfois démesurément, les gens m’interrogeaient souvent, avec la certitude que j’allais leur dire que oui, « je fais une dépression majeure. Ma maison a brulé, j’ai perdu ma famille, je suis à la recherche d’emploi et je viens d’apprendre que j’ai un cancer stade 4 ».

Hé non, tout va bien.

Appuyer sur pause permet de se recentrer et de faire le point sur sa vie. À mi-chemin de vie, qu’est-ce qui est essentiel pour moi ? Où se situent mes véritables moments de bonheur ? Quelles sont les valeurs que je préconise et désire actualiser? Comment entrevois-je ma vie pour les 30-40 prochaines années à venir… ? Est-ce que je réalise certains rêves d’enfance ? Suis-je à côté de ma propre vie ? Comment vais-je ? Honnêtement. Maintenant. Là là.

Ces questions ne se sont pas affichées dans ma tête comme un formulaire à remplir, non. Mais force est de constater que le vide de considérations pratiques et d’enjeux superficiels quotidiens, laisse la place à l’exploration de pensées profondes souvent négligées mais pourtant cruciales à l’équilibre mental…

Une semaine dans un tout-compris vous tente mais vous manquez de motivation?

Sachez que 6 jours en dialogue avec soi-même est une excellente façon de remettre les pendules à l’heure… Et il n’y a rien de déprimant là-dedans ! Au contraire, vous en reviendrez fière, énergisée et… un peu plus amie avec vous-même. Et vous aurez peut-être déniché un peu d’espace mental pour répondre à certaines questions sur vous, sur votre vie.

De mon coté, j’ai constaté qu’après tout, je peux être bien partout dans le monde, en autant que je sois bien avec moi-même. Et que je sois capable, de temps en temps, à un face à face.

Bon voyage !

P.S. Donnez-vous des objectifs personnels. Yoga ? Photo ? Lecture ? Écriture ? Exercice ?

P.S.S. N’apportez pas votre ordinateur. Le moins d’appareils électroniques, en fait ! Appréciez chaque seconde. Une semaine, c’est vite passé.

P.S.S.S. Le Costa Rica ? Aucune crainte pour une femme seule. J’ai choisi le Riu Palace de Guanacaste au Costa Rica via Sunwing Vacations, et j’ai été très satisfaite ! Je recommande les excursions de Nexus Tour et une journée au Diamante Eco adventure park…  où j’ai vraiment crié en faisant du Zipline en tarzan!

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Communicatrice, aventurière et fière maman, Isabelle Marjorie Tremblay est l’auteure du livre Voyages d’une vie publié aux éditions Trécarré. De magnifiques récits de voyage et infos pratiques pour les voyageurs. Elle est également animatrice de la docu-réalité Les nouveaux Tremblay présentée sur MATV.

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