Se souvenir de soi, par Jean-Philippe Lavallée

par Jean-Philippe Lavallée



Les dernières semaines m’ont poussé à aller à ma rencontre. Une fois de plus. La vie a choisi que je devais maintenant partager mon quotidien avec moi et seulement moi. Une transition qui m’oblige à me recentrer sur ce que je suis, ce que j’aime et ce que je veux. Habituellement, mon premier réflexe est de me fondre à l’autre ou de répondre à ses besoins. J’ai cette facilité à m’oublier et à laisser passer autrui en premier par amour, par empathie, par respect. J’ai cette mauvaise habitude d’être spectateur ; j’observe, je contemple, j’espère. Souvent, je préfère me laisser guider par le scénario qu’on me propose plutôt que d’écouter mon envie d’insérer une action différente à l’intrigue. Cette fois-ci, l’histoire a pris une tournure à laquelle je ne m’attendais pas, mais je me promets d’en faire ma propre adaptation.

Une rupture vient avec son lot d’interrogations. À chaque question et à chaque réponse, la réalité devient de plus en plus palpable. La tristesse fait place à la résilience. Je profite du bien-être quand il m’habite. Quand je souris, je souris grand. Quand je ris, je ris fort. Quand je pleure, je pleure doucement. Je laisse les larmes couler lentement, je me donne le temps. Je les accueille lorsqu’elles apparaissent et j’essaie de ne pas me juger quand elles sont absentes. Je suis en peine d’amour après tout, je devrais être faible et désemparé, mais ce n’est pas le cas. J’ouvre les bras au changement. J’ai encore droit au bonheur.

2018 se présente comme page blanche. Elle s’impose en me disant : « Arrange-toi avec ça le grand ! » Mes pensées sont tiraillées entre la peur de l’inconnu et la curiosité de la nouveauté. Me laisser freiner par le vide ou accepter de me retrouver ? C’est au moment où la solitude surgit que l’on se souvient de nous. Je me souviens tranquillement de moi. C’est ce qui me garde vivant. Mes passions, mes intérêts et mes passe-temps refont surface. Certains d’entre eux n’étaient pas exploités au maximum et d’autres étaient simplement inertes. J’ai des projets plein la tête et c’est comme si je me devais de les réaliser. Du moins, d’essayer. Je ne pourrai plus passer mon temps à penser à l’autre, à faire plaisir à l’autre, à gérer l’autre, à juger l’autre, à m’occuper de l’autre. J’ai fini d’attendre. Toute l’énergie qui m’anime se transforme. Même si cette relation m’a fait grandir et m’a comblé bien plus que je ne l’aurais imaginé, je constate que je me suis mis de côté. Juste l’idée de redécorer mon appartement à mon goût m’a donné des ailes. La peinture, les cadres et les luminaires ont symboliquement marqué le passage vers le prochain acte. Mon environnement ne ressemble maintenant qu’à moi. Je vois déjà les nouvelles possibilités se précipiter pour venir s’installer bien au chaud, auprès de moi. 2018, « Tiens-toé ben, j’arrive ! » J’ai une vie à inventer.

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