La reine des glaces… qui ne contrôle pas grand chose!



On contrôle pas grand chose.

J’avais une grosse journée devant moi. Plein de tâches, d’occupations, de listes de trucs à biffer dans mon agenda. Tsé ce genre de journée où, peu importe le beau brushing que tu te fais le matin, tu le sais que ça va finir par de la broue dans l’toupet? Ce genre de journée, donc. Je le savais pis j’étais prête.

Je m’étais d’ailleurs levée plus tôt qu’à l’habitude, question de maximiser mon temps. Déjà que je me lève à 5h02 am en semaine, je me trouvais ben bonne de devancer, ne serait-ce que de quelques minutes, mon cadran. Parce qu’à cette heure là, chaque minute devient aussi précieuse qu’un lingot d’or. Ou d’une patch-beauté qui défroisse la face fatiguée.

Tout avait roulé rondement. J’étais en avance sur mon horaire, eu le temps de me faire un lunch, un look, un café…check, check, check. De la performance et de l’efficacité, comme je les aime.

C’est lorsque je suis sortie de la maison que j’ai constaté un premier grain de sable dans l’engrenage. Une première goutte de pluie en fait. De la belle pluie verglaçante… en plein mois de janvier. Je savais qu’on prévoyait la méga-tempête-du-siècle (merci aux innombrables alertes de Météo Média!), mais finalement les flocons s’étaient transformés en glaçons.

Pas grave. On en a vu d’autres.

Je viens de la Côte-Nord après tout, on n’est pas fait en guenilles! On habite au Québec, on le sait que ça vient avec l’hiver, y’a rien là! J’ai donc gratté mes fenêtres, réchauffé la voiture et puis go à la conquête de ma super-journée-chargée-et-réglée-au-quart-de-tour! La Reine des Neiges peut aller se r’coucher, la Reine des Glaces est arrivée!

Ce n’est qu’une fois rendue sur l’autoroute, que j’ai compris que ma journée efficace venait de prendre le champ. Comme ben des voitures d’ailleurs. Une belle grosse glace épaisse avait pris d’assaut mon quartier. Résultat: des accidents, des carambolages, des autoroutes fermées, le transport en commun paralysé, les bulletins de circulation à la radio prenaient des airs de scénarios de fin du monde. Un peu plus pis je me pensais dans un mauvais remake d’Armagedon.

Après avoir passé une heure, à avancer à 0 km, à voir les voitures partir de tout bord, tout côté, j’ai déclaré forfait. Merci bye ciao. Je veux ben, mais la vie elle, veut pas!

Et c’est là que ça m’a frappée.

On se croit tellement important avec nos nombreuses occupations et choses à faire, on essaie de tout contrôler, prévoir, tout faire entrer dans l’horaire, mais au bout du compte, on décide de si peu de choses. Il suffit de quelques brins de pluie verglaçante et tout peut prendre le bord. Et ça s’applique à tout! On a beau avoir un plan, des souhaits, une vision, si la vie ne veut pas, ça ne se fera pas, un point c’est tout. Et à partir de là, on a 2 choix: s’entêter et s’enfoncer encore plus, affronter le courant qui nous pousse en sens inverse ou accepter. Lâcher prise et se laisser porter par la vague.

Aujourd’hui, j’ai lâché prise. Pis assise dans mon sofa à regarder mes vitres givrées, j’peux pas dire que j’suis fâchée. M’en va savourer ce congé imprévu. Pis je me rends compte qu’il est plus que bienvenu.

La Reine des Glaces ne se bat plus.

Julie

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