Prendre le temps d’écouter la pluie



À quand remonte la dernière fois que vous avez allumé une chandelle, juste pour vous, pour votre propre plaisir ? Que vous vous êtes autorisés à prendre un long bain chaud, avec bulles, huiles et savon parfumés ? Que vous avez mis de la musique, juste pour le plaisir de danser seule dans le salon ?

On est tellement bonnes dans les tâches (plates) à faire. Le ménage, le lavage, les repas, l’épicerie, les courses, les comptes à payer… Mais quand vient le temps de s’accorder un p’tit bonheur, un p’tit plaisir, on est un peu moins efficace. Moins s’a coche, mettons.

Aujourd’hui, il pleut. Je suis assise sur mon sofa préféré dans la maison, à écrire et à prendre le temps d’écouter la pluie tomber. Pis je trouve ça beau. J’ai toujours aimé les premières pluies du printemps qui nettoient et qui rappellent qu’on s’en va du « bon » bord, comme dirait ma mère. Et vous savez quoi ? Je réalise que ça fait une éternité que je n’ai pas fait ça : m’arrêter. Prendre le temps. D’habitude, dès que j’ai un trou dans mon horaire, une case libre, je me dépêche de la remplir : des rendez-vous de toutes sortes, réunions, je ne manque jamais d’idées de choses à « faire ». Alors que, fondamentalement, ça va contre ma nature : je suis une contemplative ! Je me souviens, enfant, je pouvais passer des heures à dessiner, écrire, regarder la mer (mes parents habitent sur le bord de l’eau), étudier les formes des nuages pour y trouver un visage, à rêver, quoi. Je crois d’ailleurs que la vie que je mène aujourd’hui, je l’ai d’abord rêvée enfant ! Quand on est petit, on se donne le droit d’être. De respirer. D’y aller selon nos envies du moment.

Je pense qu’un des seuls moments maintenant où je réussis à vivre ainsi, c’est en voyage. Quand je suis ailleurs, je deviens très connectée sur mon intuition, sur mes envies, mes besoins. Mes sens sont en alerte pour tout voir, tout goûter, tout sentir. Et c’est souvent en me laissant guider par eux que je vis mes plus beaux moments. Une fois de retour dans la « vraie vie », je remets tout ça sur la tablette, bien rangé entre mes rapports d’impôt et agendas trop noircis. Je suis une adulte et j’ai plein de choses importantes à faire.

Eh bien aujourd’hui, en écoutant la pluie tomber, je me dis que le linge à plier va attendre. Que je vais tâcher, dans mon horaire de fou, de garder mes trous libres dans l’agenda pour y mettre juste du vide. Du blanc. « L’Univers ne tolère pas le vide », comme ma psy m’a déjà dit. On verra bien ce qu’il voudra y mettre. Ça sera sûrement mieux que des comptes à payer.

Julie

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