L’eau guérit tous les bobos



Ça me pogne plusieurs fois par année. Quand il fait beau, chaud, que j’écrase sous l’humidité de Montréal. Ou quand, au contraire, on gèle, et on congèle en plein février, quand on est persuadé que l’été ne reviendra plus jamais et qu’on va mourir dans un bloc gelé.

L’appel de la mer.

Ça me prend dans les veines, comme s’il me manquait tout d’un coup de soluté, d’eau saline dans le système, de quelque chose de vital pour me retrouver. Y’a pas d’endroit où je me sens mieux que sur le bord de la mer. L’odeur de varech, le goût de sel sur la peau, la fraîcheur du sable sous mes pieds nus, le bruit des vagues, tout ça, on devrait en faire un condensé, le mettre en bouteille pour les jours de détresse. Et dessus, on y lirait « Eau de mer. Guérit les bobos ». Tous les types de bobos.

Je me souviens d’un été où j’étais mal en point. J’avais traversé une tempête personnelle, où les murs de ma fondation avaient tremblé, certains s’étaient même effrités avant de s’écrouler. J’étais dans une phase de reconstruction. C’est beau dit de même, mais quand tu es dedans, laisser tomber quelque chose, des convictions, des patterns, des gens, ben ça fait mal. Ça vient avec tout un lot de souffrances.

Et une journée, alors que la douleur était vive, j’étais partie m’asseoir sur ma roche derrière chez mes parents, pas trop loin de la maison familiale, mais juste assez pour être seule, dans ma bulle. J’avais sorti un carnet et j’avais écrit. Tout ce qui me passait par la tête, par le cœur, la colère, la lourdeur, la tristesse aussi, beaucoup de tristesse. J’ai braillé ma vie cette fois-là, sur ma roche, en me laissant bercer par la mer. Puis une fois que j’ai tout sorti, je me suis rendue compte à quel point j’étais apaisée. Comme si le bobo s’était cicatrisé un peu, du moins il s’était assez refermé pour pouvoir respirer normalement à nouveau. Assez même pour être en mesure de revenir à la maison, la face rougie et marquée par les larmes (ah la peau transparente des blondes !) et être en paix.

Depuis, c’est mon remède à tout.

Quand je me perds de vue, que j’oublie qui je suis, pourquoi je cours autant, que j’ai l’impression de perdre pied, d’être triste, en colère ou apeurée, je vais m’installer sur le bord de l’eau et j’essaie de retrouver mon souffle. De me retrouver en fait.

Ça marche à tout coup.

On a tous besoin de se reconnecter à notre essence quand ça va trop vite. Et vous, quel est votre remède miracle ?

Julie

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