La fin des masques



On a tous des masques. Quel est le vôtre? Êtes-vous la gentille, qui ne dit jamais un mot plus haut que les autres? La performante, qui enchaîne les succès et carbure aux défis? La maman, qui pense à ses petits avant de penser à elle-même? La carriériste, la victime, la femme forte ou la femme fragile? On a tous des étiquettes auxquelles on s’identifie. Qui guident notre vie, nos actions, qui nous aident à mieux vivre en société.

Mais un jour, le masque se fait lourd. Du jour au lendemain, on le trouve encombrant. Ce qui nous aidait à avancer jusqu’ici, maintenant alourdit nos pas, nous ralentit et nous fait même trébucher. Et on réalise qu’on a enfin le goût d’être qui on est, sans plus ni moins. Juste soi. De l’assumer. Pis ça, ça fait du bien.

Moi, je sais pas si c’est l’âge (41 ans) ou une écoeurantite aiguë, mais j’en suis là dans ma vie. J’en ai eu quelques-uns des masques: la performante, la gentille, la sauveuse, la parfaite. Je les ai arrachés, un à un, au cours des dernières années pour finalement les jeter au bout de mes bras. Bye, ciao. Un bon 300 livres de moins sur les épaules.

Le site, vous vous en êtes sans doute rendu compte, va en plein dans ce sens-là. Je ne voulais aucun faux-semblant ici. Juste du vrai, du cœur à cœur, comme une conversation qu’on aurait avec sa meilleure amie. Pas de toc, ni de bling-bling.

Parce qu’entre vous et moi, je n’en peux plus du syndrome de la Wonder Woman. Vous savez, l’image de la femme parfaite, belle, en forme, qui réussit dans toutes les sphères, qui nous donne l’impression que c’est donc facile de jongler avec les enfants, la vie de famille, la vie professionnelle, en cuisinant un repas 5 services, dans une maison parfaite digne de Pinterest, d’avoir une vie saine et équilibrée, en plus d’être une bonne amie et une amante attentive (sans doute parfaitement épilée et en complète maîtrise du Kama Sutra!). Si on a le malheur de se comparer à cette image, c’est sûr qu’on va se sentir poche de ne pas être à la hauteur. Mais ce n’est pas la réalité! On va tu finir par se l’admettre à nous même?

Certains sont rendus de véritables pros dans l’art de passer leur vie au Photoshop pour leur donner un look Instagram: que ça devienne lisse, sans défaut, que ça brille, juste assez, pas trop. Un beau filtre Valencia pour cacher ce qui ne va pas.

J’ai envie de dire que la vie, c’est pas ça. Qu’on laisse tomber les foutus masques une fois pour toutes. Ça nous arrive tous de se lever en bougonnant (ben non, moi non plus j’suis pas toujours heureuse et souriante). Ça m’arrive à moi aussi de manger trop (maudites chips!), d’avoir des boutons, de me chicaner avec mon chum, d’être de mauvaise foi, de m’inquiéter pour rien, d’angoisser, de perdre patience, d’être triste, en colère… C’est ça aussi la vraie vie. Y’a des jours, des semaines même, où tout va te travers et où on ne voit plus le bout du tunnel, la fin de la souffrance. Mais pour être capable d’être heureux, de rire, de mordre dans la vie à pleines dents… il faut aussi être capable de pleurer, d’avoir mal et de souffrir en-dedans. La lumière ne va jamais sans ombre, même si on aimerait donc ça l’éviter.

Alors au lieu d’essayer de la cacher, pourquoi pas juste l’accepter? Parce que personne ne peut être dans la lumière tout le temps. Ça ne se peut juste pas. Et surtout, ce dont je me rends compte après quelques semaines à lire vos nombreux commentaires, c’est que plus on est authentique, plus on est vrai, ben plus on devient fort en même temps. Quand on dit la vérité, qu’on accepte nos côtés plus sombres, personne ne peut nous attaquer là-dessus! (Si on veut m’attaquer sur quelque chose que j’admets moi-même, que j’assume, c’est clair que ma réponse sera: « Ouin, pis? Je le sais! » Game over!)

Je trouve que c’est le plus beau ménage du printemps qu’on puisse faire: jeter nos vieux masques. Se montrer tel que l’on est. Même si c’est épeurant, même si on se sent hyper vulnérable. Parce que plus on est authentique, plus on donne le droit aux autres de l’être aussi. Pis ça, ça me parle. Plus que la Wonder Woman.

Julie

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